Médecin libéral ou hospitalier : que choisir
Le médecin, qui choisit où s’installer, choisit bien plus que le lieu dans lequel il recevra ses patients. Le cadre de pratique de la médecine, qu’elle soit générale, dentaire ou de spécialité, implique des statuts et des modes d’exercices différents. Le choix du lieu où exercer son métier, pour un jeune médecin ou pour un praticien qui souhaite changer de lieu de travail, dépend de sa personnalité et de ses objectifs personnels. Les jeunes diplômés doivent y regarder à deux fois avant d’opter pour la médecine libérale, en ville ou à la campagne, et ne pas considérer que les perspectives financières. Les établissements publics, les cliniques privées, les EHPAD, et même les maires de petits villages qui recherchent des médecins, salariés ou libéraux, sont nombreux. Les formations demandées sont les mêmes pour tous les médecins, mais les différences au quotidien sont grandes, entre s’installer dans un désert médical, dans un cabinet médical en ville ou être recruté dans un hôpital public ou une clinique privée.
Choisir de pratiquer comme médecin indépendant ou médecin salarié ?
Avant de déterminer le lieu où il va travailler, un futur médecin ou un praticien déjà en exercice doit se demander quel statut juridique et économique est le mieux approprié pour lui. Un médecin peut s’installer en indépendant et créer sa société ou racheter l’entreprise et la patientèle d’un confrère qui part à la retraite. On dit qu’il exerce la médecine libérale, dans son propre local ou dans un groupement de médecins. Les groupements de médecins libéraux leur permettent de mutualiser et donc d’économiser sur les charges : locaux, secrétaire, serveur téléphonique… et peuvent faciliter la prise de congés et un remplacement.
Un médecin libéral peut créer une Entreprise Individuelle (EI), s’il veut être imposé au régime des bénéfices non commerciaux, ou une Société d’Exercice Libéral à Responsabilité Limitée (SELARL), s’il préfère être soumis au régime d’impôt sur les sociétés. En cabinet indépendant, le médecin libéral a ensuite le choix entre trois modes de fonctionnement économique :
- Secteur 1 : honoraires fixés et remboursés par la sécurité sociale ;
- Secteur 2 : honoraires libres, mais consultations en partie remboursées ;
- Secteur 3 (non conventionné) : honoraires libres, pas de remboursements.
Une frontière floue et non définitive entre médecin libéral et hospitalier
Les médecins libéraux indépendants peuvent aussi venir combler les effectifs manquants dans les hôpitaux publics, les maisons de santé, les associations de santé à but non lucratif. En France, 4 500 médecins, soit 11 % des professionnels de santé, sont des médecins libéraux qui exercent à l’hôpital, sous certaines conditions. Ils sont particulièrement nombreux parmi les chirurgiens et gynécologues obstétriciens. Ils représentent aussi 90 % des personnels de santé dans les établissements de santé privés, à but lucratif (clinique, EHPAD…).
Un médecin libéral qui choisit d’exercer en clinique facture ses consultations et actes aux patients normalement, puis il paye 4 à 10 % du montant d’honoraires perçu à la clinique, pour utiliser ses locaux et services. Les 10 % de médecins salariés dans les établissements de santé privés sont engagés en CDD ou CDI. Ils sont subordonnés à l’institution et ont un salaire et un nombre de consultations fixes, comme les médecins salariés des hôpitaux publics. Un médecin salarié dans un hôpital public ou dans une association de santé a un salaire donné par l’État français, en tant qu’agent public sous statut. Ce n’est pas un fonctionnaire, mais il a une certaine sécurité de l’emploi. Il en est de même pour un emploi de neurologue en France.
Un médecin hospitalier à temps plein a même le droit d’exercer 20 % de son activité en libéral, mais au sein d’un hôpital, d’une association de santé, à la médecine du travail (pas en ville). Les conditions sont strictement encadrées pour travailler en dehors de son établissement d’affectation et il faut l’accord du directeur de l’hôpital dont vous êtes salarié. Un médecin hospitalier à temps partiel a le droit d’exercer librement en parallèle n’importe quelle autre activité rémunérée.
Les avantages et inconvénients de la médecine libérale
La principale différence entre un médecin libéral et un médecin salarié dans un hôpital est le mode de rémunération et donc le revenu à la fin du mois. Le médecin libéral n’a pas de salaire fixe, il est payé à l’acte : en fonction du nombre de consultations et d’actes réalisés. Le médecin libéral, généraliste ou spécialisé a la possibilité de facturer en plus des dépassements d’honoraires, c’est-à-dire qu’il facture un tarif plus élevé que le tarif conventionné par la Sécurité Sociale, à la charge des patients.
Le chiffre d’affaires mensuel brut d’un médecin libéral est généralement bien plus élevé qu’un salaire dans le public. Il doit tout de même payer de nombreuses charges : les locaux, l’administratif, la comptabilité, le matériel médical, les consommables, les centrales d’appels, les assurances et les mutuelles… D’où l’intérêt de mutualiser les locaux et certaines charges, comme le secrétariat médical, en s’installant dans un cabinet, une maison de santé et autres groupements de praticiens du domaine de la santé. L’investissement est énorme pour équiper et mettre aux normes un cabinet médical et obtenir l’accord de l’Ordre National des Médecins d’y exercer. En plus, si vous préférez rejoindre un regroupement de médecins, vous pourrez au moins choisir vos collègues, sans notion de hiérarchie.
Une des autres principales caractéristiques de la médecine libérale est l’autonomie. Vous devez aimer travailler seul, ce qui signifie choisir l’organisation qui vous convient :
- choisir vos horaires de travail (60 h/semaine, en général) ;
- organiser votre planning de consultations et vos journées comme vous voulez ;
- prendre (ou pas) des vacances ou un congé maternité/paternité.
Votre chiffre d’affaires peut décoller si vous travaillez à construire votre patientèle, que vous pourrez revendre avec votre entreprise, lorsque vous voudrez prendre votre retraite. Travailler comme médecin en solitaire, en cabinet libéral, demande une certaine organisation. Si vous oubliez de transmettre vos télétransmissions, vous ne serez pas payés par la CPAM.
En tant que chef d’entreprise, vous avez des obligations de gestion administrative et financière et plus de responsabilités. Vous êtes notamment tenu responsable de vos actes et de leurs conséquences médicales, c’est pourquoi il est quasiment obligatoire de souscrire à une assurance civile professionnelle. En tant qu’entrepreneurs, les médecins libéraux ont une mauvaise couverture sociale et aucune sécurité de l’emploi. Ils doivent assurer eux-mêmes leur propre protection sociale (mutuelle pour la retraite, assurance chômage, assurance vie et prévoyance santé) ou encore leur formation continue.
Les avantages et inconvénients de la médecine hospitalière
Le médecin hospitalier a un salaire fixe et généralement moins élevé que dans le privé, mais même s’il n’est pas fonctionnaire, il a la sécurité de ne pas perdre facilement son emploi. De plus, le salaire et le statut du médecin salarié évoluent en fonction de l’ancienneté (le statut le plus répandu étant « Praticien hospitalier »). En revanche, le médecin hospitalier bénéficie des privilèges du salariat :
- 35 h de travail par semaine et les heures supplémentaires payées, avec des majorations pour les gardes de nuit, par exemple ;
- 5 semaines de congés par an garantis, RTT ;
- des bénéfices monétaires : primes, intéressements, chèques-déjeuners et chèques-vacances…
- la formation continue prise en charge par l’employeur ou le CPF du médecin salarié ;
- une bonne couverture sociale : allocation chômage en cas de licenciement, congé maternité/paternité, allocation retraite avec système de calcul à points.
De plus, le médecin hospitalier ne choisit pas son planning (souvent fatigant, avec des rotations nuit/jour) ni ses collègues dans son service ni ses supérieurs hiérarchiques. Le travail en équipe a aussi ses bons côtés, si vous êtes plutôt sociable et que vous n’avez pas peur des réunions de service. Vous pouvez vous entraider entre médecins, envoyer rapidement les patients vers d’autres services et mieux suivre vos patients hospitalisés. Entre le suivi des patients chroniques et l’obligation de faire des gardes aux urgences, le travail en hôpital ne manque pas de variété.
Enfin, un médecin salarié est en état de subordination vis-à-vis de la collectivité qui l’emploie. C’est-à-dire qu’il n’a presque pas de liberté d’organiser son travail à sa guise, qu’il doit respecter la hiérarchie verticale classique et ne pas nuire à la réputation de son employeur. En échange, il profite des services et équipements au sein de l’hôpital public, ainsi que de l’afflux de client, sans perdre de temps à démarcher et à communiquer pour remplir son agenda des consultations.
Médecin en cabinet libéral dans un désert médical : une opportunité très intéressante pour les jeunes médecins
Un jeune praticien n’a pas encore de clientèle, ni les moyens d’investir dans un local et du matériel médical aux normes, très onéreux, d’autant plus qu’il vient de financer de longues études coûteuses. Le coût de la création d’entreprise et de l’installation en cabinet libéral peut être dur à supporter financièrement en début de carrière. C’est pourquoi les jeunes médecins préfèrent souvent opter pour la médecine hospitalière, qui leur offre la sécurité d’un salaire fixe et prévisible et une protection sociale et juridique rassurante.
Une autre solution est de trouver un poste de médecin salarié, mais en établissement privé à but lucratif, avec un salaire brut légèrement supérieur à celui dans le secteur public. Il existe de nombreuses places vacantes de médecins salariés en cliniques privées ou EHPAD, avec des salaires fixes, mais alléchants.
Une dernière solution à envisager pour les jeunes médecins et ceux qui n’auraient pas les moyens d’investir dans leur propre cabinet libéral : s’installer dans un désert médical. Pour inciter les praticiens à déménager dans des zones en déficit de médecins, généralistes et spécialisés, les mairies et l’État déroulent le tapis rouge. 9 000 villages en France, soit 5 millions de personnes (8 % de la population) sont dans des zones rurales en situation de désert médical. Certains maires proposent aux médecins généralistes de travailler comme salarié, avec un contrat de travail de droit privé, pour bénéficier des avantages du salariat.
Mais, les médecins généralistes nouvellement installés en zone rurale préfèrent généralement opter pour la médecine libérale, profitant ainsi des aides gouvernementales. Une aide à l’installation en zones sous-dotées de 50 000 € est distribuée pour les médecins généralistes, en deux fois (la moitié à l’installation et l’autre moitié au bout d’un an d’exercice), ainsi qu’une exonération d’impôts pendant 5 ans. Un généraliste peut donc gagner 12 500 €/mois, pendant 5 ans, à raison de seulement 25 visites par jour (au tarif conventionné de 25 €/consultation), soit deux à trois fois plus qu’un salarié dans le secteur public.
Salarié ou libéral, en établissement public (hôpital…) ou privé (clinique) : les modes d’exercice de la médecine peuvent grandement différer. Selon votre caractère, votre mode de vie et vos habitudes de travail, certains types de postes peuvent ne pas être les mieux adaptés pour vous. Et des postes vacants à l’autre bout de la France, dont vous n’avez pas connaissance, pourraient vous intéresser. C’est pourquoi faire appel à une agence de recrutement est utile pour les médecins, comme pour les employeurs. Et dites-vous bien que votre choix de statut n’est nullement définitif. Les médecins changent souvent de régime et de forme juridique, selon leur expérience, leur clientèle et leur lieu d’exercice de la médecine.
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