Le recours au recrutement médical par les collectivités locales se développe considérablement. Il répond à un besoin multifactoriel : d’un côté, des médecins en quête de sens et de l’autre, des villes souvent confrontées à la désertification médicale.

Recrutement médical par une commune : faut-il imposer des objectifs ?

La médecine du 21ᵉ siècle vit un véritable paradoxe.

Forte de sa modernité (télémédecine et outils digitaux, prévention, IA, etc.) et de ses capacités de recherches (ex. pandémie COVID-19), elle peine aujourd’hui à reprendre contact avec une population qui cherche avant tout une relation de proximité avec « son » médecin traitant, et sans attendre un mois avant d’avoir un rendez-vous, ou beaucoup plus pour un spécialiste !

Le recours aux médecins salariés par une commune permet de suivre des objectifs évidents dans le schéma de la santé en France :

• La fidélisation des patients qui fuient les cabinets bondés ou les services d’urgences contaminés,
• Les actes de prévention,
• Faire revenir des patients « disparus » des radars,
• Désengorger les urgences.
• Favoriser la prise en charge à domicile par l’organisation avec les partenaires dédiés.

On peut penser que le rôle du médecin recruté par le village sera de faire preuve d’imagination et de créativité pour réinstaurer ce lien de confiance entre patients et médecine de proximité.

L’objectif principal du médecin généraliste de campagne ou du spécialiste, salarié d’une commune rurale, sera donc toujours de participer au parcours de santé des patients, mais avec quelques avantages en regard du libéral :

• Il reçoit un salaire par la collectivité au lieu de recevoir des honoraires.
• Il travaille sur base de 35 heures hebdomadaires, et pas 50 à 60 heures.
• Le travail se fait en équipe pluridisciplinaire et en lien avec le schéma médical de la ville ou de la communauté de caommunes.
• L’administratif est « allégé » puisqu’une équipe dédiée s’en charge.
• Toute la logistique de fonctionnement est prise en charge (informatique, achats, matériel).
• Les avantages liés aux professions salariées en cas de licenciement (allocations chômage versées), fiscalité, congés…

On pourrait parler de « réhabilitation » du patient au cœur des soins, grâce au médecin de ville salarié, lui-même entouré de l’appui solide de toute une commune.

Réhabiliter les soins au cœur des villages

Le seul objectif raisonnable fixé par les centres de santé de commune, c’est d’appliquer l’ordonnance du 12 janvier 2018 relative à leur création justement. « Les centres de soins et les MSP sont ouverts à toute personne sollicitant une prise en charge médicale. Il n’est pas possible de réserver son offre de soins à une patientèle strictement ciblée ». C’est en effet la mission première de ces maisons médicales : dispenser des soins de premiers recours. Exercer dans une maison de santé gérée par une commune peut ainsi redonner du sens au travail médical.

Les villages (ou collectivités locales dans le sens le plus large) se donnent aujourd’hui les moyens de rendre cet objectif atteignable en offrant aux médecins salariés : locaux modernes, coordination interprofessionnelle au sein des communautés territoriales, exercice en groupe dans les maisons de santé, approche managériale à intégrer, salaires attractifs, etc.

Les objectifs de vie pour le médecin recruté par la mairie ? Retrouver un équilibre vie privée/vie personnelle, une certaine autonomie, pouvoir s’inclure dans le projet médical d’une commune, se rapprocher des patients, prendre le temps.

Enfin, pour les patients, on peut dès lors assurer une prise en charge personnalisée, un des socles d’une qualité de soins recherchée par tous : éducation thérapeutique, accompagnement, prévention, etc.

Le recrutement d’un médecin par une commune permet de lui rendre la reconnaissance professionnelle qui semble faire cruellement défaut, au regard des chiffres évoqués plus haut. En contrepartie, les objectifs imposés semblent une évidence tout à fait atteignable.

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