Les EHPAD, dans un secteur pourtant en pleine croissance, connaissent une crise de recrutement, et peinent en particulier à trouver des médecins coordonnateurs, un maillon pourtant essentiel pour assurer le bon fonctionnement de la structure. La question sera de savoir si les raisons de cette pénurie sont les mêmes que pour les autres emplois médicaux en crise.

Une pénurie qui touche en particulier les médecins coordonnateurs

Les médecins coordonnateurs sont parmi les professionnels qui manquent le plus aux EHPAD. Nous nous fondons sur la source connue la plus récente, une étude de la Drees (Direction de la recherche, de l’étude, de l’évaluation et des statistiques) datant de 2015. Toutefois, même si elle est relativement ancienne, cette documentation conserve son actualité, car la crise ne s’est pas tarie. Elle montre donc que 32 % des EHPAD ne déclarent aucun ETP (équivalent temps plein) médecin coordonnateur dans leur liste de personnel au 31 décembre, 14 % en déclarent moins de 0,2 % et seulement 9 % disposent de plus de 0,5 %.

Pourquoi aussi peu de médecins coordonnateurs ?

Une première raison est l’importance relative du turn-over dans les EHPAD. Plus ou moins important selon qu’on se situe en zone urbaine ou rurale, cette instabilité du métier peut expliquer son manque d’attractivité. Par exemple, 15 % du personnel a une ancienneté de moins de 1 an en EHPAD. De même, les statuts précaires proposés (CDD, intérim) peuvent rebuter certains candidats. La pénurie entraîne aussi une concurrence entre les établissements, surtout les EHPAD privés qui pâtissent de la concurrence des statuts plus avantageux du public. Enfin, beaucoup d’EHPAD se situent en zone rurale, difficile d’accès et peu attractive.

Mais la plus grande raison peut être la difficulté à trouver chez les aspirants un profil qui convienne aux exigences particulières du poste. L’offre sur le marché de l’emploi est en effet supérieure à la demande et on manque de personnel qualifié. Ensuite, la condition physique est particulièrement mise à l’épreuve, d’autant que comme les patients entrent en EHPAD de plus en plus tard, la dépendance lourde est de plus en plus répandue. Or, c’est cette dernière qui génère le plus de fatigue et de troubles musculo-squelettiques. Enfin, le métier possède aussi des conditions de travail difficiles : pénibilité, horaires décalés et transfert des heures des absents provoquent l’épuisement. Au regard de ces difficultés, la rémunération est bien souvent jugée trop légère et peut décourager des vocations.
Pour résumer, il semble donc que le manque de soignants souhaitant faire carrière comme médecin coordonnateur vienne d’un manque de profils adaptés à un métier qui met à l’épreuve.

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