Le médecin intérimaire réalise des missions ponctuelles pour pallier l’absence des praticiens, notamment dans des services hospitaliers. Au cœur des débats depuis deux ans, ce statut hors normes possède autant d’avantages que d’inconvénients et il mérite qu’on se penche sur son cas.

Être médecin intérimaire : liberté et diversité d’expériences

Le médecin intérimaire signe ses contrats directement avec les directions hospitalières ou via une agence d’intérim. C’est lui qui choisit ses propres missions : ce statut est donc idéal si vous recherchez une certaine liberté dans la gestion de votre carrière. En effet, être médecin intérimaire permet de garder une grande flexibilité dans son planning : les contrats durent quelques jours, quelques semaines ou quelques mois et il est facile de choisir celui dont la durée vous convient.

Les hôpitaux sont très demandeurs de ces contrats d’intérim qui permet de pallier les absences des praticiens, souvent trop peu nombreux, notamment dans les spécialités qui demandent des disponibilités 24 heures sur 24 : trouver du travail en tant que médecin intérimaire n’est pas difficile. Ce métier se développe tellement qu’un syndicat national des médecins remplaçants en hôpitaux a été créé en 2018 pour défendre leurs droits et leurs intérêts.

Ces contrats permettent vraiment d’alterner périodes travaillées et non travaillées — pour faire des missions humanitaires par exemple — car ce métier a une rémunération très intéressante : jusqu’à 1170,04 euros en 2020 pour une garde de 24 heures par exemple. Le salaire est en moyenne 30 % supérieur à celui que vous pourriez toucher en étant salarié. De plus, l’intérimaire bénéficie également des indemnités compensatrices de congés payés (ICCP) et sur la précarité de la situation des intérimaires (ou indemnité de fin de mission) qui équivalent chacune à 10 % du salaire brut. De quoi compenser les aléas de ce métier qui demande disponibilité et adaptation.

Toutes les spécialités peuvent faire l’objet de mission d’intérim en médecine. En tête de liste parmi les postes les plus demandés, on retrouve les médecins urgentistes, les anesthésistes et les radiologistes, suivis par la pédiatrie, la gynécologie obstétrique et la cardiologie. Que ce soit à la sortie du diplôme ou plus tard lors de votre carrière, vous pouvez tout à fait prétendre à devenir médecin intérimaire : c’est l’occasion idéale pour voir ce qui se fait ailleurs ou réaliser une transition, un temps de pause dans sa carrière. De plus, vous pouvez exercer dans des structures différentes : hôpital, clinique ou cabinet, de petite, moyenne ou grande taille.

Ce statut pourra notamment vous permettre de développer votre expérience, en la multipliant dans des équipes et des lieux différents. Le plus souvent, le médecin intérimaire travaille de façon récurrente dans deux ou trois hôpitaux, ce qui réduit à chaque fois le temps d’adaptation à un nouveau fonctionnement. Pour autant, ces différentes missions vous permettront de découvrir de nouvelles manières de fonctionner, auprès de collaborateurs différents. Une façon enrichissante et intéressante d’exercer son métier tout en permettant d’assurer la continuité de soins auprès des patients

La médecine intérimaire : un emploi qui ne convient pas à tous

Pour autant, le métier de médecin intérimaire comporte son lot d’inconvénients, de désavantages et ne conviendra pas à tous. Réussir à s’adapter et à s’intégrer dans une nouvelle équipe, arriver dans un nouveau lieu tout en commençant immédiatement à recevoir des patients qu’on découvre n’est pas à la portée de tout le monde. En effet, si vous voulez tenter cette carrière, il vous faudra vous montrer disponible, à l’écoute, polyvalent et surtout apte à vous adapter. Il n’est pas conseillé de s’attacher à une structure ou à une équipe, vue la rapidité des missions : vous n’êtes que de passage, et ce constat peut déplaire à certains prétendants à l’intérim. Encore plus que le salariat, la médecine intérimaire demande d’avoir de solides épaules pour jongler entre ces contrats plus exigeants que la moyenne et votre vie privée. Car la plupart de ces missions concernent avant tout des contrats comportant de nombreuses gardes ou une disponibilité très large, avec des horaires difficiles et de longues périodes d’absence.

De plus, pour pouvoir travailler régulièrement en intérim, il est souvent nécessaire de multiplier les kilomètres. Les structures les plus demandeuses sont en effet des hôpitaux de petite taille, en province, qui seront parfois loin de chez vous. Avant de vous lancer, pensez à vérifier s’il y a régulièrement des missions possibles dans votre spécialité à proximité de votre domicile.

On comprend alors que l’intérim en tant que médecin n’est pas le métier idéal si la stabilité et la sécurité de l’emploi sont très importants à vos yeux. Notamment loin des métropoles, on n’est jamais certain de trouver des missions qui nous conviennent en quantité suffisante. Il faut alors accepter des contrats par défaut, bien que la structure ou la qualité de la mission ne vous plaise pas. Être intérimaire, c’est aussi prendre des risques et vivre presque au jour le jour, et cela peut parfois correspondre à une certaine précarité, notamment si c’est sur une longue durée.

On pourrait penser que la rémunération compense ce genre d’inconvénients, mais il faut avoir en tête qu’un médecin intérimaire ne travaille pas nécessairement tous les mois. À noter que la couverture sociale des intérimaires est inférieure à celle d’un médecin salarié. De plus, depuis le décret du 24 novembre 2017, le cumul d’emploi (avec un poste salarié par exemple) est désormais interdit et la rémunération maximale ne cesse de baisser. De 1404€ en 2018 pour une garde de 24 heures, elle a diminué de 235€ en 2020. Même si cela reste plus important que le salaire d’un médecin en poste, les intérimaires doivent en plus prendre en compte que leur statut est souvent remis en question, mal vu par certains professionnels qui vont même jusqu’à les qualifier de « médecins mercenaires ». Mais la situation des hôpitaux en France fait que, malgré ces critiques, les médecins intérimaires restent indispensables pour assurer la continuité de soins auprès des patients.

Liberté ou instabilité, idéal pour une transition ou des débuts en médecine ou au contraire frein pour sa carrière… Les avantages et les inconvénients du travail de médecin intérimaire sont à peser avec précision avant de choisir de se lancer dans ce métier.

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