Avec la recrudescence du manque de médecins en France, nous ne pouvons que constater l’augmentation du recrutement de médecins dont le diplôme a été obtenu à l’étranger dans le paysage médical de l’hexagone. En effet, nous constatons qu’à l’heure actuelle, 1 médecin sur 10 inscrit à l’Ordre national des médecins est titulaire d’un diplôme obtenu au sein de l’Union européenne ou hors Union européenne.

Pourquoi vouloir recruter des médecins à l’étranger ?

Depuis quelques années déjà, le numerus clausus institué par la loi du 30 juin 1971 permettant de limiter le nombre d’étudiants admis en deuxième année de médecine, de kinésithérapie, de pharmacie ou de sages-femmes, est bien trop faible par rapport à la demande et à la croissance permanente des besoins de santé en France. Bien qu’il soit question de le supprimer définitivement en 2020 après avoir reçu une hausse de 10 % en 2019 qui a permis l’ouverture de près de 600 places (en médecine uniquement) par rapport à l’année précédente, cela ne résout pas le manque d’effectif déjà présent.

Faute de médecins diplômés ayant suivi leurs études de médecine en France, l’idée de recruter du personnel étranger est forcément venue naturellement pour combler les postes vacants. Malgré cet effort, il existe encore à l’heure actuelle des régions où le manque de médecins entraîne de nombreuses complications, notamment dans les petits villages de campagne situés à l’écart des grandes villes. On parle désormais de « déserts médicaux ».

Peut-on recruter des médecins à diplôme étranger à l’hôpital public ?

Face à la pénurie de médecins français qualifiés, il a fallu trouver des solutions adaptées à la demande. Le fait est que de nombreux médecins ayant obtenu leur diplôme à l’étranger sont attirés par la France, qui leur offre une qualité de vie bien différente de celle à laquelle ils peuvent prétendre dans leur pays d’origine.

Il est donc parfaitement possible de recruter des médecins à diplôme étranger dans l’hôpital public à condition qu’ils aient accompli 3 ans de fonction dans un service agréé pour la formation des internes, qu’ils soient titulaires d’un diplôme, d’un certificat ou de tout autre titre mentionné dans les articles L.4131-1, L4141-3 et L4151-5 du Code la Santé publique et qu’ils soient inscrits à un tableau de l’Ordre des Médecins, des chirurgiens-dentistes ou des sages-femmes. Selon l’article L4111-2 I bis du Code de la Santé publique, il faudra également qu’ils obtiennent une autorisation individuelle d’exercer la médecine en France qui leur sera délivrée par le ministre de la Santé.

Le Conseil National de l’Ordre des Médecins procède également à une vérification des connaissances techniques et de la langue française de ces médecins dont le diplôme n’a pas été obtenu en France afin de s’assurer que leur niveau est conforme aux attentes.

Le recrutement de médecins dont le diplôme a été obtenu à l’étranger est donc venu une nécessité pour l’hôpital public afin de pouvoir pallier le manque de personnel dont l’accroissement perpétuel est devenu très inquiétant.

Cependant, les médecins ayant obtenu leur diplôme hors de l’Union européenne sont généralement embauchés sous des statuts précaires. Appelés « Padhue », qui signifie « Praticiens À Diplômes hors Union européenne », ils sont habituellement employés comme FFI (Faisant Fonction d’Interne) ou en tant que praticiens associés. Pourtant indispensables au bon déroulement de la prise en charge des patients, les Padhue travaillent autant que leurs confrères pour être payés 2 fois moins. En effet, leur salaire varie entre 2000 € et 3000 € par mois.

Ces médecins, dont le diplôme n’est pas reconnu par la France, pourraient voir leur situation se régulariser d’ici 2021. Il est prévu de leur offrir la possibilité d’être reconnus au même titre que leurs confrères en leur faisant passer un examen ou en les faisant étudier dans des universités européennes, ce qui sera nommé comme « liste A ». La « liste B » en revanche, sera exclusivement réservée pour les médecins apatrides ou réfugiés, ce qui ouvrira 500 postes supplémentaires chaque année.

Quels sont les bénéfices pour l’hôpital public et pour ces médecins ?

En recrutant des médecins dont le diplôme a été obtenu à l’étranger, l’hôpital public permet de carburer à plein régime en pourvoyant les postes qui sont vacants suite à la pénurie de praticiens français. Sur le long terme, le recrutement de médecins étrangers devrait contribuer à maintenir et à améliorer l’accès aux soins dans les hôpitaux publics, mais aussi à éradiquer le nombre conséquent de déserts médicaux dont le pays souffre depuis quelques années.

Pour les médecins diplômés à l’étranger qui viennent travailler en France, cela représente également un bon nombre d’avantages. Ils bénéficient d’une qualité de vie qui n’aurait pas été la même dans le pays où ils ont passé leur diplôme, mais aussi de meilleurs revenus. À temps plein, un médecin diplômé au sein de l’Union européenne et qui a été recruté dans un hôpital public perçoit une rémunération allant de 4130 € brut en début de carrière à 7500 € brut en fin de carrière.

Autrement dit, chacun y trouve son compte. Recruter des praticiens diplômés à l’étranger constitue une voie de secours pour l’hôpital public, mais aussi pour le secteur privé qui souffre tout autant de la pénurie de médecins, principalement en zone rurale.

Comment sont recrutés les médecins à diplôme étranger ?

Le recrutement des médecins diplômés à l’étranger se déroule de la même manière que pour leurs homologues français, à l’exception près qu’ils doivent pouvoir justifier de toutes les conditions et des documents administratifs que nous avons cité précédemment. 

Certaines plateformes de recrutement médical mettent en relation les établissements en recherche de personnel médical avec les médecins diplômés en Europe. Cela permet de pouvoir choisir la spécialité du praticien, le lieu, le statut, l’expérience, le type de contrat ainsi que sa durée.

La FHF (Fédération Hospitalière de France) propose également des offres d’emploi médecin sur son site internet qui permet de postuler en ligne aux annonces émises par les établissements avec postes vacants.

Le recrutement de médecins dont le diplôme a été obtenu à l’étranger est possible en France, sous certaines conditions, et permet de combler les trop nombreux postes vacants dont nos hôpitaux souffrent quotidiennement. Bien qu’il y ait encore quelques améliorations à faire pour les praticiens ayant obtenu leur diplôme en dehors de l’Union européenne, l’Ordre national des Médecins ainsi que l’État français met tout en œuvre pour améliorer la situation.

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