Comment attirer et fidéliser les médecins à l’hôpital public ?
En France, l’hôpital public est en pleine ébullition et au cœur de débats passionnés. Service essentiel, rôle sanitaire et social de premier ordre, dévouement du personnel sont des expressions qui reviennent souvent pour décrire sa mission, expressions qui vont de pair avec le constat d’un malaise généralisé avec des professionnels qui tirent la sonnette d’alarme pour pousser les pouvoirs publics à prendre en compte la nécessité de donner à l’hôpital public les moyens, financiers et humains, de remplir sa mission première. Pour assurer une qualité de service, parmi les pistes principales, il y a la possibilité pour les hôpitaux d’embaucher des médecins et surtout d’avoir les moyens de leur offrir un cadre de travail attractif et une carrière stable au sein des établissements. Une mobilisation générale est primordiale pour atteindre cet objectif.
État des lieux
Il ne faut pas y aller par quatre chemins, aujourd’hui, les jeunes médecins se tournent davantage vers le privé que vers le public où on estime qu’environ 27 % des postes de praticiens hospitaliers sont vacants. Pour expliquer cette désaffection, les jeunes médecins qui ont choisi le privé mettent en avant, outre une rémunération plus importante, une qualité de vie et de travail supérieure. En dépit d’un gros volume horaire, le privé se révèle plus souple, plus flexible, et ne pâtit pas de lourdeurs administratives propres au public. Le risque, pour l’hôpital public, est ainsi de voir s’accélérer la détérioration du service et des soins apportés aux patients, un recours massif à l’intérim médical, une souffrance au travail plus importante pour les personnels en poste avec un risque de burn-out. Si ce tableau peut paraître très sombre et peu attractif, il révèle néanmoins une prise de conscience et la nécessité de changer la donne. Ce qui signifie, pour les étudiants en fin d’études et les médecins en recherche d’emploi des opportunités à saisir, avec de véritables perspectives.
Les pistes pour redorer l’image de l’hôpital public
Une première piste repose sur le constat que les médecins en formation connaissent mal les perspectives de carrières hospitalières, tant sur le plan des statuts que sur celui du déroulé de carrière. Un effort d’information au cours de la formation des médecins, aspect trop peu pris en compte, s’impose. Par ailleurs, l’hôpital public a des points forts, trop souvent négligés au détriment de constats négatifs. Des clarifications sont sur ce point nécessaires. Pour les étudiants en médecine, le besoin de les accompagner avant leur début de carrière est essentiel. La nomination d’un tuteur au sein de l’hôpital, en accord avec l’interne recruté, pour l’aider à définir son projet professionnel en osmose avec les besoins du service et de l’établissement hospitalier, voire éventuellement d’un territoire, et ce dès la troisième année d’internat et le suivre jusqu’à la fin de sa formation et lui proposer des postes pérennes, dans l’établissement ou à proximité, est également envisagé. En matière de recrutement, l’idée de changer de paradigme fait son chemin. En clair, plutôt que raisonner seulement en termes de postes disponibles, réfléchir plus en amont en prenant en compte les spécificités des différents territoires, leur évolution démographique et, par conséquent, les besoins qui vont mécaniquement se faire sentir à une échéance de trois à cinq ans. Cela permet de recruter plus finement en fonction des spécialités qui seront nécessaires. Pour les médecins à la recherche d’un nouveau poste ou qui souhaitent bouger sur le territoire, savoir, en fonction de leur pratique, où est la demande la plus forte ou bien où elle le deviendra à brève échéance est un aspect prépondérant.
Cadre de travail amélioré et meilleure gestion du régime des rémunérations
On l’a déjà évoqué, un des points qui revient le plus fréquemment pour expliquer la désaffection de l’hôpital public est la qualité du cadre de travail. La charte d’accueil et de formation des internes dans les établissements hospitaliers publics, mise en place il y a quelques années, a pour but de tout faire pour garantir aux nouveaux arrivants dans un établissement une qualité d’information, de mise à disposition du matériel nécessaire, d’intégration dans le service d’affectation, de dialogue avec eux pour prendre en compte leurs besoins et leurs attentes. Pour aller de pair avec un cadre de travail épanouissant, il est incontournable de revoir le système de rémunération, qui reste le nerf de la guerre. Les écarts de rémunération constatés entre public et privé, notamment en début de carrière, et suivant les spécialités, sont trop importants pour donner envie aux jeunes médecins d’embrasser une carrière à l’hôpital public. En outre, dans le public, l’évolution de rémunération est avant tout liée à l’ancienneté, sans prendre en compte les efforts et l’investissement pour améliorer le service des praticiens. La conséquence directe est la vacance plus importante de postes et un recours plus systématique à l’intérim pour « colmater les brèches », ce qui entraîne un cercle vicieux, sachant que les médecins, plutôt que chercher à intégrer l’hôpital public via un poste statutaire, préfèrent opter pour des remplacements ponctuels, aux tarifs de rémunération nettement plus élevés, ce qui accentue l’instabilité des équipes et a également des conséquences néfastes sur les comptes des établissements hospitaliers. Pour changer les choses, la revalorisation des rémunérations, notamment en début de carrière, est clairement sur la table. A minima, laisser la possibilité, en tout début de carrière, d’exercer parallèlement une activité libérale pour compléter la rémunération est envisageable. Sur le long terme, resserrer l’évolution salariale et réduire l’importance de l’ancienneté de façon à atteindre plus rapidement les niveaux du privé va devenir nécessaire. Une autre piste est la revalorisation des gardes et des astreintes ainsi que celle des remplacements pour réduire le recours à l’intérim médical et stabiliser les effectifs. Enfin, en complément, pour éviter que les médecins ne deviennent des « mercenaires » à la recherche du poste le plus intéressant à court terme, un axe d’amélioration est de leur offrir de la visibilité sur leur carrière. Quand un médecin postule à l’hôpital public, il doit savoir quels sont ses missions et objectifs, obtenir un suivi dans le temps et connaître ses perspectives à moyen terme.
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