Médecine du travail : le détecteur des troubles « invisibles »

par | Avr 30, 2019

Il semble que de nos jours, on souffre de plus en plus de troubles que l’on qualifie d’invisibles. Ces maladies dont on ne détecte, a priori, pas de symptômes physiques apparents, qu’il n’est pas facile de diagnostiquer, et dont on ne connaît parfois pas encore les causes touchent pourtant des millions de personnes à travers le monde. L’OMS dénombrait en 2018 environ 300 millions de personnes atteintes de dépression, une des maladies invisibles les plus répandues. Face à ces enjeux pour la santé de nos concitoyens, la médecine du travail s’avère être un allié de taille dans le diagnostic des troubles « invisibles ».

Médecine du travail : des rôles multiples et indispensables

L’emploi du médecin du travail consiste avant tout en un rôle préventif. Il détecte les maladies invisibles, certes, mais repère également les risques possibles du milieu de travail des salariés sur leur santé.

En effet, le médecin du travail ne se contente pas que des visites médicales personnelles, obligatoires pour chaque salarié. Il mène également des études sur les postes de travail des entreprises dans lesquelles il intervient, dans le but de recueillir le plus possible de données fiables et d’obtenir ainsi une vision globale des conditions et lieux de travail. Par conséquent, ses actions concernent aussi bien l’humain que l’environnement de travail au sens large.

L’emploi du médecin du travail est pluridisciplinaire, tant par ses actions multiples que par son intervention au sein d’une équipe pluriprofessionnelle. Il assure ses missions en collaboration avec d’autres professionnels, comme ses confrères médecins du travail pour mutualiser des données, mais aussi avec des infirmiers et des intervenants spécialisés en prévention des risques professionnels.

Ses actions à la fois intra-entreprise, mais aussi inter-entreprises ont toujours pour but de préserver la santé de tous, notamment en termes d’informations, de conseils ou encore de formations dispensées au sein de l’entreprise. Le respect d’un secret professionnel prédomine toujours, même lorsqu’il intervient auprès des employeurs. Le médecin du travail a en effet pour mission de prévenir et informer l’employeur des risques dans son entreprise, aussi bien en termes de santé physique que de santé mentale. Même s’il se repose sur ses observations et ses expériences, il fournira toujours des informations anonymes et en accord avec le secret médical de rigueur pour tout docteur.

Enfin, le médecin du travail est un intervenant de poids entre l’employeur, ses salariés et les représentants du personnel. En surveillant l’état de santé et les conditions de travail (pénibilité, risques socio-professionnels, risques toxiques, risques de sécurité, etc.) des employés, il est le plus à même de prodiguer des conseils améliorant l’environnement professionnel de tous. La prévention primaire étant un facteur essentiel à la réduction des risques, il peut également être amené à dispenser des formations relatives à la santé physique et psychologique, comme une prévention sur le harcèlement (moral et/ou sexuel) ou même sur la consommation de drogues.

Un recrutement urgent en médecine du travail

Trop peu de médecins exercent dans les services de santé au travail, faute d’un nombre de départs à la retraite non remplacés. Le salaire du médecin du travail peut aussi être lié. Les offres d’emploi pour médecin du travail sont nombreuses, et ces places restent trop souvent vacantes, par manque de vocations suffisantes chez les jeunes étudiants en médecine.

Les besoins sont pourtant grands en médecine du travail, avec des enjeux essentiels. Comme nous l’avons vu, le poste d’un médecin du travail joue un rôle majeur dans les entreprises, et par cela même dans notre société toute entière. N’oublions pas que les salariés passent généralement le tiers de leur journée sur leur lieu de travail… Et qu’une activité professionnelle, du 1er contrat de travail à la retraite, s’étend sur plus de 40 ans de notre vie.

La santé au travail est une discipline médicale qui concerne tous les actifs, dès lors qu’ils ont un contrat de travail, dans toutes les entreprises. Ainsi, la médecine du travail représente un milieu qui ne connaîtra jamais de crise de l’emploi ! D’autant plus que de nombreux postes sont, et seront aussi dans les prochaines années, à reprendre.

Par conséquent, il est plus que nécessaire de donner envie aux étudiants de se spécialiser dans cette branche, encore méconnue, mais si importante. Et nous n’y pensons pas forcément, mais les reconversions professionnelles sont toujours possibles, même dans le milieu de la médecine. Alors pourquoi pas vous ?

La médecine du travail, une discipline qui évolue fortement

S’il n’y a pas si longtemps que ça, les risques principaux au travail étaient d’ordre physique avec par exemple le travail à la chaîne ou la pénibilité des conditions de travail des ouvriers ; mais aussi chimique comme lors de l’exposition au plomb qui entraine le saturnisme. Aujourd’hui, la protection des salariés envers les potentielles sources de maladies physique et chimique est fortement développée et permet de limiter l’exposition des salariés grâce à la prévention.

Cependant, de nouvelles maladies dites « invisibles » émergent de plus en plus. Leurs symptômes sont en général très communs ce qui ne fait que compliquer le diagnostic qui peut parfois prendre des années. Elles ne laissent pas de traces physiques comme peuvent le faire d’autres maladies et sont souvent peu prises au sérieux par la société.

Un véritable allié pour détecter les maladies « invisibles »

Le rendez-vous avec le médecin du travail étant une obligation légale pour toutes les entreprises de plus de 50 personnes, et ce tous les deux ans, c’est l’occasion rêvée pour parler avec un médecin. Dans ces cas de figure, les travailleurs pourront parler de symptômes ou de mal-être qui peuvent paraitre anodins aux autres ou à eux-mêmes. Une des maladies invisibles les plus répandues au travail est probablement la dépression réactionnelle professionnelle.

Le mal-être au travail, le stress et l’épuisement peuvent conduire au burn-out, un syndrome lié à la vie professionnelle qui peut mener jusqu’au suicide et qui n’est pourtant pas encore reconnue officiellement. La difficulté pour la médecine du travail est que souvent l’intéressé ne se considère pas malade, il incombe alors au médecin d’arriver à repérer et différencier les symptômes ponctuels de fatigue liés à une période de forte activité et les symptômes de surmenage chroniques qui peuvent éventuellement cacher une maladie invisible.

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