Pourquoi l’installation de médecin généraliste à la campagne est-elle aussi rare ?
Tout le monde se souvient de ce médecin généraliste en Haute-Saône, Dr Olivier Ducray, qui avait passé une annonce sur le site Leboncoin, en proposant de céder gratuitement son cabinet, ainsi que toute sa patientèle et son matériel, pourvu qu’un médecin accepte de prendre la relève dans son village de 800 habitants. Cette situation est malheureusement devenue de plus en plus fréquente. Les campagnes manquent de médecins généralistes, ce qui crée des « déserts médicaux », dont les personnes âgées sont les premières victimes. Zoom sur les causes de cette désertification médicale des campagnes françaises.
Baisse du numerus clausus dans les années 80
L’une des principales causes de la baisse du nombre de médecins généralistes, est la décision gouvernementale en 1980 de baisser le nombre d’admis au concours d’entrée de la faculté de médecine. De 8 000 étudiants dans les années 70, 3 500 seulement étaient admis entre 1980 et 1993. Ces médecins sont aujourd’hui proches de la retraite, ce qui intensifie l’inégale répartition des généralistes sur tout le territoire français. De plus, le niveau très élevé du concours pousse les étudiants français à tenter leur chance dans un autre pays européen, très souvent la Roumanie, dont le cursus universitaire est validé par un système d’équivalences. Cette « fuite de cerveaux » favorise l’installation à l’étranger de beaucoup de médecins d’origine française.
Plus de spécialistes au détriment de la médecine générale
De plus en plus d’étudiants choisissent de se spécialiser à la sortie de leur internat dans des filières mieux reconnues et plus rémunératrices. On constate une nette augmentation des spécialistes (+ 6 % entre 2007 et 2015), plus particulièrement des chirurgiens. Les jeunes étudiants en quête de prestige et d’une carrière stimulante, ne conçoivent pas de commencer leur vie de médecins au fond des campagnes. Traditionnellement appelée « bobologie », la médecine de campagne est une médecine de proximité, accompagnant des populations âgées et retirées de la vie citadine.
Une féminisation de la profession
Autre phénomène, la proportion des femmes parmi les étudiants médecins est en forte progression. Cela amène les jeunes médecins à faire des choix de vie que connaissent les jeunes mères de famille. La vie urbaine est plus adaptée à la vie de famille, aux contraintes liées à la garde des enfants et leurs loisirs, mais également à la limitation des déplacements quotidiens. Une installation à la campagne implique une certaine indépendance vis-à-vis de la ville. Or, les jeunes femmes médecins préfèrent le confort de la proximité des services, leur permettant d’allier vie privée et vie professionnelle.