La situation était encore inédite au début des années 2000, mais depuis une décennie les pénuries de médicaments ont tendance à se généraliser dans l’hexagone. De nombreux professionnels de santé ont déjà alerté les pouvoirs publics sur cette situation. Tout récemment, un collectif d’une vingtaine de médecins hospitaliers a publié une tribune pour dénoncer l’inaction des grands laboratoires face à cette pénurie. Ceux-ci veulent se dédouaner de toutes responsabilités, mais il semble bien que leur stratégie commerciale soit à l’origine de ces phénomènes. Quant aux pharmaciens, ils préfèrent évoquer des ruptures de stocks. Car s’ils ne sont pas en mesure de livrer certains médicaments, ils parviennent à se réapprovisionner dans un délai de 72 heures.
Quelles sont les conséquences de cette pénurie ?
Selon l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament) des ruptures d’approvisionnement ont été constatées sur 868 produits en 2018, soit 20 fois plus qu’en 2008. Les médicaments, objet de cette pénurie, sont destinés à traiter des pathologies cancéreuses, des maladies cardio-vasculaires ou nerveuses. Il s’agit aussi de corticoïdes, d’antibiotiques, de vaccins ou de produits permettant de traiter l’hypertension. Ce sont des médicaments fabriqués à base de molécules bien connues et dont les brevets sont tombés dans le domaine public. S’il s’agit de traitements à faible coût, ils sont néanmoins indispensables et présentent un intérêt thérapeutique majeur. Les malades sont les premières victimes de cette pénurie. Mais selon le corps médical, le manque de vaccin pourrait être aussi une véritable menace pour la santé publique et concerner l’ensemble de la population.
Quelles pourraient en être les causes ?
Les causes de la pénurie semblent être d’origines diverses selon le type de médicaments. Les grands laboratoires sont accusés de privilégier leur rentabilité au détriment de la production de ces médicaments vendus à bas prix et dont la production a été délocalisée en Chine ou en Inde. Les ruptures de stocks seraient bien souvent liées à des arrêts de production consécutifs à un contrôle qualité ayant révélé que des normes de fabrication n’avaient pas été respectées. Mais les médecins accusent également les grands laboratoires de se désintéresser de la production peu rentable de ces médicaments. La vérité semble cependant plus complexe. Certains produits, comme les vaccins par exemple, nécessitent un processus de fabrication qui peut durer jusqu’à trois ans. Dans ce cas de figure, le moindre incident lors de la fabrication peut considérablement obérer le niveau des stocks disponibles. Mais la pénurie serait également la conséquence d’une demande mondiale de plus en plus forte et d’une raréfaction des matières premières.