Suppression du concours d’entrée en IFSI : questions et craintes suite à cette décision

Dans le cadre de l’universitarisation des formations paramédicales, le gouvernement a annoncé le 5 juillet dernier la suppression du concours d’entrée en IFSI (Institut de formation en Soins Infirmiers), qui révolutionne l’accès à ce métier et à la formation correspondante.

À compter de la rentrée 2019, la sélection des candidats pour l’entrée en IFSI se fera uniquement sur dossier, via la plateforme Parcoursup déjà utilisée depuis un an pour les autres formations universitaires. Le dossier de candidature va donc revêtir une importance particulière, et devra mettre en valeur les motivations du candidat et ses connaissances du métier d’infirmier. Les futurs bacheliers bénéficieront d’un processus d’accompagnement via les équipes pédagogiques du secondaire, afin de les aider efficacement dans leurs choix d’orientation et la constitution de leurs dossiers. Les aides-soignants et auxiliaires de puériculture continueront à bénéficier du dispositif de promotion professionnelle déjà existant. Enfin, les personnes en reconversion et les non-bacheliers devront également s’inscrire via Parcoursup, avec des dossiers spécifiques leur permettant de mettre en exergue leurs expériences professionnelles et compétences déjà acquises.

La suppression du concours d’entrée en IFSI fait partie intégrante du processus d’universitarisation des formations paramédicales, permettant aux élèves de bénéficier du statut d’étudiant et de ses avantages. Toutefois, le métier d’infirmier reste une profession particulière, qui implique nécessairement une vocation et une attache au terrain importante. Le passage à l’université risque d’éloigner la formation de son volet professionnalisant, essentiel dans cette discipline. Celle-ci doit rester ancrée dans la réalité du terrain et des besoins des territoires. De plus, la suppression de l’entretien oral préalable à l’entrée en IFSI, tel qu’il existe pourtant dans le cadre de l’accès à d’autres formations, peut entraîner des dérives inquiétantes. En effet, le métier d’infirmier requiert des compétences humaines et relationnelles particulières à ne pas négliger. L’entretien oral permettait de détecter d’éventuels candidats qui, au-delà d’un dossier remarquable, présentaient un comportement totalement inadapté au métier d’infirmier. De même, cet entretien préalable pouvait parfois permettre de découvrir des candidats au potentiel important, que leur dossier ne reflétait pas suffisamment. La sélection via Parcoursup risque de mener à une certaine uniformisation des profils des étudiants, en ne se basant que sur leur dossier scolaire. Certes, le gouvernement a insisté sur la volonté de maintenir la diversité des profils retenus en IFSI, mais le processus de sélection choisi risque tout de même de la limiter.